Malgré le fait que les données sur le squat et les squats semblent indiquer une diminution, la réalité est que le problème est loin d'être résolu, selon les spécialistes du sujet.
En 2023, 15 286 signalements de squats illégaux (effraction et usurpation) ont été recensés, soit 8,8 % de moins qu'en 2022 et 11,5 % de moins qu'en 2021. Mais selon les juristes, malgré ce que disent les données, le squat est en augmentation. Il faut savoir que les nombreux cas de squats n'apparaissent pas dans ces statistiques et que les gens commencent à opter pour des solutions alternatives pour résoudre le problème à l'amiable, comme négocier avec les locataires (et/ou payer) par eux-mêmes ou faire appel à des entreprises spécialisées dans les expulsions.
Le Congrès des députés espagnols attend l'approbation d'un texte qui permet de traiter les délits d'effraction et de violation de domicile dans le cadre d'une procédure accélérée ne dépassant pas 15 jours. Mais cette réglementation exclut les cas de squat locatif (non-paiement prémédité et volontaire du loyer), qui sont au cœur du problème actuel.
Le squat locatif se développe au point de représenter 80% du squat total. Les propriétaires, confrontés à la lenteur administrative, évitent de porter plainte et optent pour d'autres voies. Le squat locatif se professionnalise également et la séquence d'actions se répète souvent : les occupants louent l'appartement, paient leur mois de caution, paient le mois de loyer en cours, présentent de (faux) documents et obtiennent un accès « légal » à l'appartement. Une fois à l'intérieur, ils cessent de payer. On parle même de mafias organisées.
De l'avis de nombreuses personnes impliquées, le gouvernement ne veut pas publier les données sur les squats locatifs afin d'éviter tout alarmisme. Il y a des situations qui n'apparaîtront jamais dans les statistiques parce que des accords sont conclus avec les occupants avant la plainte ou parce qu'elles sont gérées par des avocats ou des entreprises. De plus, les données présentées proviennent des plaintes, mais il existe de nombreuses autres procédures courantes pour récupérer un logement qui n'apparaissent pas dans les statistiques et faussent la réalité.
La législation actuelle facilite le squat. C'est très paradoxal, mais la situation est telle que les propriétaires finissent par négocier une somme d'argent avec les locataires pour qu'ils quittent le logement. Et les locataires, une fois partis, cherchent un autre objectif que le squat.
Ces décisions s'expliquent par l'insuffisance de la protection juridique des propriétaires. La lenteur des procédures judiciaires les décourage : un procès peut durer jusqu'à un an, auquel s'ajoutent d'éventuels appels et recours, ainsi que la possibilité de suspendre l'expulsion pour cause de vulnérabilité. Au total, la récupération d'un logement peut prendre plus de 2 ans.
Les diverses prorogations accordées au règlement de protection des familles vulnérables établi lors de la pandémie par le décret-loi royal 11/2020 du 31 mars, qui protège clairement les locataires et qui restera en vigueur au moins jusqu'à la fin de 2025, ne facilitent pas non plus la récupération des logements squattés.
En outre, l'actuelle loi sur le logement 12/2023, qui a ligoté les grands propriétaires, qui ont beaucoup de mal à récupérer leurs logements en cas de vulnérabilité, et qui retarde les procédures judiciaires avec l'intervention obligatoire des services sociaux, la nécessité de périodes de conciliation et l'obligation pour les propriétaires de fournir des informations qui dépendent parfois des locataires eux-mêmes.
En résumé, les propriétaires, confrontés à la crainte de rester deux ans ou plus sans pouvoir reprendre possession de leur bien et sans percevoir de revenus, préfèrent payer et relouer le bien plutôt que d'aller en justice.
Au début, le locataire dans la négociation avec le propriétaire pouvait se contenter d'une annulation totale ou partielle de la dette, ou d'un petit supplément pour payer la caution et la mensualité d'un nouveau logement, mais deux ou trois ans plus tard, les montants demandés sont plus élevés et peuvent atteindre 5000 euros en cas de non-paiement des charges, voire 15 000 euros en cas de squat illégal.
Face à cette situation de véritable chantage, les avocats recommandent généralement aux propriétaires d'entamer une procédure judiciaire pour gagner du temps et, en même temps, de négocier sans renoncer à la procédure judiciaire.
Il existe une alternative à la procédure judiciaire, à la négociation et au paiement, pour la récupération du bien par les propriétaires : les sociétés de désoccupation. Il s'agit d'entités privées spécialisées dans l'expulsion de personnes qui squattent illégalement un bien immobilier.
Le recours aux sociétés d'expulsion pour récupérer un logement est le plus discuté mais a progressé à 21% depuis 2022. Ces sociétés sont souvent fortement mises en cause et sont souvent accusées d'outrepasser leurs pratiques et de tomber dans des délits de coercition. Les plaintes qu'elles reçoivent sont cependant souvent rejetées par manque de preuves.
Pour éviter ces solutions alternatives qui dépassent parfois les limites de l'éthique ou frôlent l'illégalité, les professionnels du droit proposent une série de mesures globales pour s'attaquer à la racine du problème du squat. Parmi les mesures proposées par les juristes, les suivantes se distinguent :